Ce lundi, la Métropole de Lyon a rejoint la coopérative ferroviaire Railcoop pour soutenir le retour de la ligne Lyon-Bordeaux. Un coup de pouce bienvenu pour le projet qui a récemment connu des déboires. Railcoop espère faire circuler ses premiers trains dès 2024.
On s’imagine déjà, sur la banquette du train, à traverser la France d’est en ouest grâce à la compagnie coopérative de train Railcoop qui se propose de rétablir la ligne Lyon-Bordeaux. Cette semaine, la Métropole de Lyon a apporté un soutien conséquent au projet en devenant sociétaire de Railcoop.
Le Conseil métropolitain a validé l’apport de 80 000 € au capital de la coopérative. « Au-delà de l’appui financier, ce double engagement vise à faire connaître et crédibiliser un projet ferroviaire d’intérêt général » a communiqué la Métropole. Ce n’est pas la première collectivité à participer au projet : la Ville de Lyon, la Région Grand-Est ou le Département de l’Allier ont déjà franchi le pas.
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Railcoop est née en 2019 de la volonté de redonner du sens aux voyages en train. Sous la forme d’une coopérative, le projet est de profiter de la libéralisation du transport ferroviaire en France pour relancer des lignes abandonnées par la SNCF faute de rentabilité. Railcoop milite pour mailler le territoire d’un réseau de lignes secondaires reliant les villes moyennes entre elles, et pour un usage plus large du fret ferroviaire.
Relier Lyon à Bordeaux, sans passer par Paris
La ligne Lyon-Bordeaux est le premier chantier choisi par la coopérative. Abandonnée définitivement en 2014 par la SNCF, elle permettait notamment de desservir Roanne, Montluçon, Guéret, Limoges et Périgueux. Railcoop souhaite rétablir cette ligne « structurante pour des territoires comme l’Allier, la Creuse, ou encore la Haute-Vienne ». Une étude estime à 900 000 le nombre de voyageurs qui pourraient l’emprunter chaque année.
La coopérative précise bien que le but n’est pas de concurrencer le TGV et la SNCF, mais bien d’offrir une offre complémentaire pour traverser la France sans passer par Paris. Elle souhaite exploiter « les angles morts de la SNCF » pour reprendre l’expression de Nicolas Debaisieux, directeur de Railcoop.
Des difficultés pour se financer et s’équiper
Le principe de la coopérative ferroviaire fait que tout le monde peut participer à Railcoop : citoyen·nes, acteur·ices du secteur privé ou collectivités territoriales. L’entreprise compte aujourd’hui plus de 13 000 sociétaires, ce qui lui a permis de lever un total de 12 millions d’euros de fonds propres.
Le soutien de la Métropole de Lyon intervient dans une période de difficultés pour l’entreprise. Railcoop a décalé à deux reprises le lancement de la ligne Lyon-Bordeaux. En cause, des déboires avec la SNCF, des difficultés à se financer et des délais de rénovation de rames qui s’allongent.
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Les banques demeurent frileuses pour financer un tel projet. Et les coûts d’entrée sur le marché ferroviaire sont très importants : Railcoop estime à 40 millions d’euros l’achat et la rénovation des 8 rames qui circuleront entre Lyon et Bordeaux. Pour le moment, la coopérative possède deux rames rachetées à la région Auvergne Rhône-Alpes.
Il faudra encore attendre une longue année avant de voir le premier train circuler. Au total, le trajet Lyon-Bordeaux durera 7h30 et coûtera une quarantaine d’euros aux voyageur·euses. Malgré des trains qui roulent au diesel, l’impact environnemental du trajet restera limité en comparaison de la voiture ou de l’avion. De plus, Railcoop compte se distinguer sur les services proposés à bord avec une offre de restauration originale, des cabines de travail, et des espaces dédiés aux enfants.