Pendant les cérémonies des Cannes Lions, festival de la publicité qui se tenait la semaine dernière, l’ONG Greenpeace a semé la pagaille en multipliant les actions. Son objectif : profiter de ce moment de visibilité pour dénoncer le déni des agences publicitaires qui font la promotion des énergies fossiles. Et donc, les mettre face à leur rôle dans la crise climatique. Si Cannes Lions est terminé, la mobilisation continue.
Ils étaient 40 militants de Greenpeace, déployant l‘échelle d‘un camion de pompier pour accéder à la devanture du Palais des festivals. Pour symboliser le déni des agences de publicité face à l’urgence climatique, le chien du célèbre mème « This is fine » a été brandi en haut de l’échelle.
« Les agences de publicité ne peuvent plus ignorer leur responsabilité dans le changement climatique. Les entreprises fossiles détruisent le climat et le secteur de la publicité est complice ! Il est temps de choisir son camp : les agences seront-elles du côté du vieux monde qui lutte pour maintenir ses profits au détriment des générations futures, ou bien en tête de file du combat pour l’avenir ? », réagit Edina Ifticene, chargée de campagne énergies fossiles à Greenpeace France.
Mettre les publicitaires face à leurs responsabilités
« Il est temps de choisir
son camp : les agences seront-elles du côté du vieux monde qui lutte pour maintenir ses profits
au détriment des générations futures, ou bien en tête de file
du combat pour l’avenir ? »
Pour Greenpeace, les agences de publicité qui continuent à promouvoir des entreprises aux effets nocifs sur l‘environnement participent au greenwashing de celles-ci. L‘objectif de l‘action : les mettre face à leur responsabilité et interpeller le public. « Elles permettent aux majors pétrolières et gazières de communiquer sur leur prétendu virage énergétique, aux compagnies aériennes de nous faire acheter des vols low cost pour un week-end, aux constructeurs automobiles de nous vendre des voitures toujours plus grosses et polluantes. Cette stratégie fructueuse mais court-termiste n’est pas sans conséquences sur le climat. », développe Greenpeace dans un communiqué.
Pour preuve de l‘impact et de la responsabilité que peut avoir la pub, Greenpeace s‘appuie notamment sur une étude chiffrée sur une campagne publicitaire du constructeur automobile Audi. Cette dernière montre qu‘une campagne de pub a conduit à la vente de 137 700 voitures, ce qui correspond à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre de plus de cinq millions de tonnes de CO2.
Une pétition pour enjoindre la Commission européenne à se saisir du sujet
« Si les agences
de communication
ne prennent pas leurs responsabilités,
nous les contraindrons
par la loi. »
Les activistes rappelent également les propos du GIEC, qui, dans son dernier rapport, a identifié ces stratégies de communication comme « un obstacle à l’action climatique », et rappelle que plus de 450 scientifiques ont signé une lettre appelant les agences de relations publiques et de publicité à cesser de travailler avec les entreprises de biens et services fossiles.
Des solutions existent : de nombreux spécialistes du secteur ont déjà franchi le cap, à l’image du mouvement « Clean Creatives » rassemblant les créatifs qui se sont engagés à ne plus travailler pour l’industrie des biens et services fossiles.
Pour accélérer le mouvement, Greenpeace et 40 organisations ont lancé une initiative citoyenne européenne pour la fin des publicités, partenariats et mécénats pour toute entreprise vendant des biens et services fossiles. Dès que la pétition atteindra 1 million de signataires, la Commission européenne sera contrainte de se saisir du sujet. « On a interdit la publicité pour l’industrie du tabac pour des raisons de santé publique, il est temps d’en faire de même avec le secteur des énergies fossiles, qui détruit à la fois la santé, la biodiversité et le climat. Si les agences de communication ne prennent pas leurs responsabilités, nous les contraindrons par la loi », conclut Edina Ifticene, chargée de campagne énergies fossiles à Greenpeace France.