La 41e édition du festival Art Rock se déroulera à Saint-Brieuc du 17 au 19 mai prochain. Comme chaque année, plusieurs milliers de personnes sont attendues pour non moins de 70 concerts et de nombreux spectacles et expositions. Une sacrée logistique, plus encore lorsqu’on prend soin de limiter autant que possible son bilan carbone et d’être accessible à tous les publics.
Pour sa 41e édition, le festival pluridisciplinaire Art Rock fera à nouveau vibrer les rues de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), les 17, 18 et 19 mai 2024. En 41 ans, le festival a vécu de nombreuses aventures, pris de l’ampleur et ne se repose pas sur ses lauriers. On y croisera cette année entre autres The Libertines, Zaho de Sagazan, Irène Dresel, Hoshi, Olivia Ruiz, Étienne de Crécy… Mais il n’y a pas que sur la programmation que l’équipe organisatrice met le paquet. Accessibilité aux spectateur·ices de tous âges et quels que soient les handicaps, réflexion concrète sur l’offre de transport, d’alimentation, gestion des déchets…
100% d’électricité verte, réduction drastique des déchets, fournisseur·euses majoritairement issu·es de l’agglomération : Art Rock met en place une politique de transition écologique et sociale au fil des années. « On avance par petites touches mais cette année, on appuie sur l’accélérateur, assure Carol Meyer, directrice du festival. Il y a urgence, il faut donc agir en transversalité ».
Le défi : s’aligner aux objectifs de l’Accord de Paris et viser, à l’échelle du festival, une neutralité carbone d’ici à 2050. « Autant dire demain », commente celle qui impulse cette dynamique au sein du festival depuis 2018. Mais ici, pas de grandes promesses creuses : « C’est très concret, on prend les plus grosses sources d’émissions carbone du festival, on les décortique et on cherche des solutions alternatives, point par point », détaille-t-elle.
Inciter les festivalier·es à laisser leur voiture au garage
Pour Art Rock comme pour bon nombre de festivals, la source majeure d’émissions est constituée par le transport des festivalier·es. Le déplacement du public représente 80% de l’empreinte carbone. Durant Art Rock, 87% des festivalier·es du territoire et 94% vivant hors agglomération rejoignent ainsi Saint-Brieuc en voiture.
À lire aussi : Les festivals et salles de concert font le bilan (carbone) pour réduire leur empreinte écologique
Un problème ? Plusieurs solutions. « On a réfléchi à comment encourager le déplacement à vélo. Depuis plusieurs années, il y a un parking gratuit et surveillé, mais ce n’est pas une incitation suffisante. On innove cette année avec les vélobus, pour faire les trajets collectivement depuis de nombreux points de départ. » Pour cette édition, trois lignes de vélobus seront proposées par l’association Vélo Utile pour pédaler en groupe jusqu’au festival. Une solution rassurante pour les moins habitué·es, une belle expérience collective pour les autres. « Le samedi après-midi, on propose aussi une Vélo Parade avec un DJ set, pour changer de regard sur nos modes de déplacements et sur la ville », ajoute Carol Meyer. En outre, des navettes gratuites compléteront l’offre de transport local pour rentrer du festival en fin de soirée. « Celles-ci rouleront à 50 % au bio gaz, doublement bénéfique ! », précise-t-elle.

Les manières de limiter l’usage de la voiture sont pléthoriques et ce qui est ici mis en place le prouve, mais encore faut-il être au courant. Art Rock met alors l’accent sur la communication auprès des festivalier·es. Sur leur site internet, on est pris·e par la main pour trouver la meilleure option. « Il existe des trajets en TER vraiment avantageux, mais les gens n’y pensent pas toujours », commente Carol Meyer. Et pour celles et ceux qui auraient besoin de quelques chiffres pour être convaincu·es, un calculateur de bilan carbone des différents modes de transport est disponible sur le site du festival.
« On n’a pas eu ces idées tout·es seul·es : Art Rock a rejoint le projet Festivals en mouvement (une cinquantaine de festivals mobilisés pour accélérer la transition vers des mobilités durables, ndlr), c’est dans la mise en commun qu’on trouve des alternatives désirables », ajoute la directrice.
Manger végé et local, ne serait-ce que le temps du festival
« On ne change pas le monde dans un festival, mais c’est un lieu d’expérimentation, une bulle hors du temps où les gens peuvent s’autoriser à sortir de leur zone de confort. Il faut se saisir de cet espace pour faire germer des idées », atteste Carol Meyer. C’est le cas notamment sur les choix alimentaires : à Art Rock, 50% de l’offre est végétarienne, tout en restant variée et gourmande. L’occasion de montrer qu’on peut se régaler sans viande dans l‘assiette pour qui sait, peut-être, passer le cap une fois à la maison ? Et même si ce n’est pas le cas, les effets concrets sont là. Avec 35 000 repas servis par édition, l’alimentation est le deuxième poste générant le plus de carbone.
Un festival, c’est un lieu d’expérimentation, une bulle hors du temps
« Nos quatre restaurateur·ices viennent des Côtes d‘Armor, la farine du crêpier est produite à 5km, tous les softs sont fabriqués à moins de 100 km », détaille Carol Meyer. Depuis 2023, il n’y a plus aucune viande de bœuf dans les menus. Des choix qui ne sont pas toujours les plus évidents d’un point de vue pratique ou financier, mais qui tombent sous le sens en termes d‘économie locale et durable, et s’imposent face aux enjeux environnementaux.
« Le public est détenteur d’une grosse part de la transition, à nous de planter des graines », propose la directrice d‘Art Rock. Et là encore, il s’agit de communiquer pour inciter. Cette année, l’équipe prévoit par exemple d’indiquer le poids carbone des différents plats proposés à la carte afin d‘accompagner les prises de conscience.
Que la fête en soit une pour tous·tes
Outre la transition énergétique, un axe majeur de transformation pour les festivals engagés se joue sur l’amélioration de leur accessibilité. « On a pu faire financer un audit et passer le site au peigne fin pour comprendre les divers besoins et ce qu’on pouvait mettre en place », explique Carol Meyer.
Sur cette base, le site est désormais équipé pour permettre aux personnes à mobilité réduite, malvoyantes ou malentendantes, de profiter des festivités. Boucle magnétique et gilets vibrants pour les concerts, plateformes surélevées dédiées aux fauteuils roulants… tous les dispositifs pratiques sont détaillés dans un guide de l’accessibilité. « On essaie de s’améliorer chaque année grâce aux retours, et il n’y a rien de plus gratifiant que de constater que toutes et tous peuvent prendre part sereinement à la fête », se réjouit la directrice.
Festival Art Rock, 41e édition les 17, 18 et 19 mai 2024, 70 concerts, spectacles, expositions et plus dans le centre-ville de Saint-Brieuc (22). Plus d’informations sur le site du festival.